
L'artiste peintre Henri Lamy, connu pour ses portraits figuratifs empreints de l'énergie brute de l'acrylique, confirme son engagement marseillais en faisant de la collaboration le cœur de sa pratique. Installé dans un vaste studio gracieusement mis à disposition par l'Usine Fer à Cheval, l'artiste ne s'est pas contenté d'y créer en solitaire.
Ce soutien logistique n'est pas un geste isolé. Raphaël Seghin, directeur de cette marque de savon emblématique classée aux Monuments Historiques, a fait de l'alliance entre tradition et création un axe fort de sa direction. La savonnerie entretient en effet des liens étroits et durables avec le monde de l'art.

Les collaborations notables de la Savonnerie Fer à Cheval avec des artistes plasticiens incluent notamment :
- Frédérique Nalbandian : Cette sculptrice a fait du savon de Marseille une matière première de choix pour ses œuvres. Fer à Cheval lui fournit régulièrement de gros blocs pour ses sculptures, transformant le savon brut en une matière malléable et sensuelle rappelant le marbre.
- Delphine Coli (E81) : La marque a collaboré avec cette illustratrice pour la création de motifs contemporains et épurés, notamment pour ses pains de savon parfumés, assurant ainsi un dialogue entre le savoir-faire artisanal et le design moderne.
Pour Raphaël Seghin, offrir l'espace de l'usine pour la création (comme avec Lamy) est une manière de célébrer le caractère vivant et patrimonial de Marseille et de ses savoir-faire.
Durant son séjour de deux ans à Marseille, Henri Lamy a transformé l'espace public en atelier géant. Grâce à Maison Gutenberg (agence d'ingénierie culturelle basée à Lyon), Il a ainsi multiplié les interventions participatives qui ont rapproché l'art du quotidien des habitants, notamment auprès de crèches (atelier crèche Amédée Autran, Crèche Grand Saint Giniez, Crèche Redon), Parcs Municipaux (Par Longchamp, Parc Font Obscur, Parc Beausoleil, Parc Blancarde) et centres sociaux (Centre social les Lierres).

L’une des interventions les plus significatives a probablement été la performance capoeira painting organisée lors du Festival gratuit l'Été Marseillais, où Henri a invité des familles à prendre part à un rituel mêlant danse de combat afro-brésilienne et peinture performative.
Ces ateliers ont permis aux Marseillais de tous âges de s'approprier le geste pictural, inscrivant l'art dans le tissu social de la ville. C'est bien cette notion de "faire ensemble", si chère à l'artiste, cofondateur de la Taverne Gutenberg à Lyon, qui infuse désormais ses œuvres.
Ce mouvement vers la collaboration culmina avec une exposition à l’Espace Jouenne en juin 2025. Lamy s'y est associé à l'artiste Alban de Chateauvieux et la Galerie Peralta pour un événement qui promet de célébrer le dialogue créatif. Henri y montra notamment une nouvelle série d'œuvres peintes dans son studio à l’usine, représentant une quinzaine de scènes de vie et lieux marseillais.

De l'énergie collective des ateliers au Parc de Font Obscur à l'alliance artistique en galerie, Henri Lamy prouve que son art est une affaire de liens. Il n'est pas seulement un peintre, mais un catalyseur qui utilise la couleur et la performance pour relier les communautés et les générations à Marseille.
Écrit par Renée-Claire Reumaux
Renée-Claire Reumaux est une artiste (diplômée de la Villa Arson, et lauréate de la Bourse Artagon. Elle développe une pratique hybride mêlant performance, musique et installation sonore. Elle travaille également comme médiatrice culturelle au Musée d’Art Contemporain de Marseille, assurant le lien entre la création contemporaine et le public.














